Une passion pour l’insolite
Monsieur Bartolini, toutes nos félicitations pour votre récompense. Pouvez-vous vous présenter brièvement ?
Je m’appelle Loïc Bartolini et je vis entre Genève et Paris. Je suis acteur, scénariste et photographe. Amoureux de grands espaces et de voyages, je quitte la ville dès que l’occasion se présente à la recherche d’images insolites.
Racontez-nous comment votre photo gagnante a été réalisée.
La photo a été prise tout à fait par hasard. J’aime me laisser surprendre par ce qui m’entoure, chercher les petits détails originaux et les immortaliser avec mon appareil photo. Là, j’ai eu la chance d’être au bon endroit au bon moment.
Quel équipement avez-vous utilisé pour cette photo ?
J’ai un Sony Alpha 7R2 qui m’accompagne partout. Avant, j’aimais emporter plusieurs objectifs. Aujourd’hui, je préfère mon bon vieux 24-70 mm F2.8, qui me permet de photographier de façon polyvalente et efficace. De plus, cela me permet de soulager mon dos (rires).
La photo a été prise dans un paysage extrêmement lumineux. Comment avez-vous dû régler l’appareil photo pour que la photo soit aussi aboutie ?
La photo a été prise au 63 mm à f4.5 1/100 ISO 125, avec un filtre ND variable. Ensuite, à l’étalonnage, j’ai corrigé l’exposition à -0,75 et j’ai légèrement modifié la balance des blancs, car mon filtre ND donne une teinte un peu jaune à mes photos.
Quelle histoire se cache derrière votre photo et quels ont été les défis à relever ?
Dans les Cyclades, il y a beaucoup de plages insolites. La plage de Sarakiniko en est l’exemple parfait. Bien qu’elle soit très esthétique, on ne peut pas y rester longtemps. Son blanc intense reflète le soleil de tous les côtés. Il n’y a aucune possibilité d’ombre. Les coups de soleil sont inévitables. Pourtant, c’est l’un des endroits préférés des touristes pour prendre le soleil. Le défi n’était donc pas de prendre une photo, mais de quitter cet endroit sans prendre de coups de soleil. (rires)
Qu’est-ce que cette photo évoque pour vous ?
Pour moi, c’est un reflet de la dérive de notre société actuelle. Le lieu est énormément représenté sur les réseaux sociaux, suite à quoi les gens viennent en masse pour profiter de l’endroit au risque de mettre leur santé en danger. J’aime mettre en avant l’absurdité de nos comportements.
Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans votre photo ?
J’aime son minimalisme, sa roche blanche qui lui confère un air presque lunaire, et les multiples détails amusants comme la manière improbable dont les deux personnes sont enveloppées dans leurs vêtements pour se protéger du soleil (rires).
Racontez-nous ce qui vous a incité à immortaliser ce moment.
L’absurdité de cette scène, qui la rend si drôle. J’aime me raconter des histoires et assister à ce genre de choses ici, dans ce décor lunaire. Quand on a la chance d’assister à une scène aussi drôle que photogénique, cela serait dommage de ne pas l’immortaliser.
Que ressent-on lorsqu’on fait partie des 30 meilleurs participants au plus grand concours de photographie du monde ?
Pour être honnête, je n’y croyais pas. J’ai déjà eu la chance de remporter quelques prix, mais jamais un aussi grand, et je dois avouer que j’ai encore du mal à y croire.
Comment avez-vous réagi, vous et votre famille, lorsque vous avez appris que vous aviez gagné ?
Vous devez vous douter que j’étais très heureux. Pour l’anecdote, j’étais en train d’installer cette même photo pour l’exposer au « What a trip festival » à Montpellier, quand j’ai appris la nouvelle. Elle avait pris une toute autre dimension en l’espace de cinq minutes. Après, J’ai profité de l’occasion pour appeler tous mes proches et leur annoncer mon prix.
Comment souhaitez-vous utiliser votre prix ?
J’aimerais beaucoup faire imprimer mes photos sur des décorations murales de qualité. Probablement sur de l’alu dibond voir même sur du bois.
Comment êtes-vous venu à la photographie ?
Lorsque j’avais huit ans, j’ai accepté un abonnement à un magazine en échange d’un appareil photo « gratuit ». Vous connaissez ces magazines ou finalement le cadeau coûte trois fois plus cher que si je l’avais acheté dans le commerce. Mes parents ont alors renvoyé celui-ci pour annuler l’abonnement. Dès lors, mon rêve était d’avoir mon propre appareil. Et c’est seulement à 25 ans, que j’ai cassé ma tirelire pour en acheté un. À partir de ce moment-là, mon appareil photo ne m’a plus quitté.
Quelle est l’importance de la photographie pour vous ?
Pour moi, c’est un autre moyen de raconter des histoires. Et à l’inverse de mon métier de scénariste et d’acteur qui demande des mois de travail, ici, le résultat est immédiat.
Racontez-nous votre plus beau moment de photographie.
J’aime faire de longues randonnées à la recherche de paysages insolites à photographier. Une fois, j’ai marché près de cinq heures et sans trouver de sujet de photo enthousiasmant. Le soleil commençait à décliner, je suis donc retourné à ma voiture. Et depuis le parking, j’ai vu cette chute d’eau avec ses couleurs spectaculaires. J’ai été tellement captivé par la beauté de cette scène que je l’ai prise 46 fois en photo. Je voulais être sûre de ne manquer aucune variation, même la plus infime. Heureusement, je shoote en numérique (rires).
Quels conseils donneriez-vous aux photographes débutants ? Suivez les conseils qui vous donnent des ailes, oubliez les conseils qui vous dépriment, et surtout, ne suivez pas les tendances, créez-les !
Merci beaucoup !
Suivez Loïc Bartolini sur Instagram @loicbartolini